Trois jours en montagne à construire un Cosmodrome pour #RefugeRemix (scroll down for English 🇬🇧)
Three days in a Swiss mountain hut brainstorming and building the future of life up high
En Suisse on appelle ça une cabane, en Allemagne eine Hütte; moi je préfère le mot français refuge car c’est bien plus qu’un simple bâtiment. Le mot cabane fut attesté en 1387 dans le sens de « petite habitation sommaire » alors que refuge vient du Latin refugere « fuir en arrière », d’où l’expression se réfugier . Déjà au 12ème siècle ce mot porte une dimension humaine : « ce qui constitue un appui, un soutien, un recours ». C’est un nom commun qui a plutôt les qualités d’un verbe : ce bâtiment nous apporte quelque chose… il y a de l’action là-dedans ! Éparpillés dans les coins les plus improbables de la montagne, ces endroits nous offrent refuge. Refuge du vent et du froid bien sûr, mais aussi du stress, du bruit et du sans-arrêt de nos vies en bas. Déconnectés enfin du WiFi, on peut prendre le temps de se connecter un peu aux autres et à la nature qui nous entourent.
Du 2 au 4 septembre, on était une trentaine à passer 3 jours à la Cabane de Saleinaz entre le Val Ferret et le Plateau du Trient pour un évènement qui s’appelle Refuge Remix. La particularité de ce refuge c’est que le gardiennage est bénévole. Pourquoi ? Il existe dans la pénombre d’autres refuges plus populaires qui occupent les lieux voisins: La Cabane du Trient, la Cabane d’Orny, le Bivouac Envers des Dorées. Le changement climatique a plus fortement frappé le Saleinaz et sans bénévoles, il n’existerait plus. L’accès est plus compliqué et les courses les plus proches sont devenues plus dangereuses et moins praticables. La clientèle, alors, diminue : 900 nuitées par an comparés à 9000+ au Refuge du Goûter.
Refuge Remix – une collaboration entre l’Université de Lausanne et l’Université Grenoble Alpes – est né en 2019 pour réfléchir à ces problématiques et trouver des solutions innovantes.
Refuge Remix est un événement créatif et collaboratif conçu pour repenser la place des refuges dans la montagne de demain face aux défis environnementaux et sociétaux.
Durant ces trois jours, cinq équipes avec des participant·e·s aux profils variés réalisent des prototypes concrets à partir de matériaux légers et à faible impact environnemental. J’étais conquise.
Le refuge est un lieu d’expérimentation complètement à part. C’est un avant-poste d’observation du changement climatique (ça va très vite là-haut !) qui en subit directement et brutalement les conséquences. Le permafrost menace ses fondations, la fonte glaciaire menace son approvisionnement en eau douce. Mais c’est aussi un écosystème clos et (plutôt) autonome où on peut plus facilement tester des modèles de vie différents. C’est un endroit qui soulève des questions, non seulement climatiques, mais aussi sociétales : le partage, la communauté, la (dé)connexion... Ce qui m’intrigue c’est le lien entre les deux : comment peut-on adapter nos modes de vie pour vivre d’une façon plus durable – pour nous et pour l’environnement ?
Ces trois jours n’étaient qu’un début et bien plus de travail est nécessaire pour concrétiser des changements. Mais je voulais partager notre projet tout de même pour qu’il puisse voyager plus loin et peut-être inspirer d’autres idées… le WiFi ça sert quand même ;)
Bienvenue à C O S M O R A M A
Équipe
Sophie de Rosemont, Loïc Giaccone, Katrine Chassaing, Félix de Montety, Chiara Quadranti
Concept
Cosmorama c’est à la fois une expérience et un lieu : le Cosmodrome.
En sortant du refuge, on aperçoit une petite étoile peinte sur un rocher. On la suit, on en voit une autre, on continue, puis on voit une œuvre de land-art : c’est la Grande Ourse. Après cent mètres de cheminement, le Sentier de l’Étoile nous mène au fameux Cosmodrome : un petit amphithéâtre construit en pierre sèche avec au centre une table ronde – en pierre sèche aussi bien sûr. Il y a une ambiance un peu Stonehenge.
[On s’est bien amusés à le faire. Il n’y a rien de plus satisfaisant que de soulever des pierres lourdes et en trouver l’arrangement parfait. Les pierres plates du plateau sommitale se marient merveilleusement, comme si elles étaient destinées à coexister. Une énergie se dégage.]
Revenons à nos constellations.
Sur cette table, il y a une carte du ciel. On aligne la date d’aujourd’hui avec le Nord et elle nous montre les constellations qu’on peut voir dans le ciel. Mais rien ne nous oblige à rester dans le monde du réel – le Cosmodrome est aussi un endroit qui accueille le rêve et l’imaginaire; les constellations s’inventent, les histoires se racontent. Plus tard, en rentrant au chaud on peut écrire nos ressentis et nos récits dans le Carnet de la Nuit Cosmique.
Objectifs
Créer un moment de partage et de communauté à travers la redécouverte de la Nuit et du Ciel
Utiliser la Nuit pour apprécier le ciel et les étoiles mais aussi pour se connecter aux éléments, aux sons, aux sensations…
Profiter d’un moment sans portable ni lumière artificielle, mais aussi se rendre compte de la pollution lumineuse
Déplacer le regard des sommets / des objectifs personnels / de la performance / de la montagne qu’on va grimper demain et le recentrer sur la beauté et l’immensité de l’Espace
Apprendre à connaître quelques constellations mais aussi donner place à l’imagination et à la créativité qu’on met trop souvent de côté
Le Cosmodrome, la carte du ciel et les autres créations restent à disposition à la Cabane de Saleinaz.
Un grand merci à Célia Bonnet-Ligeon, Jean Miczka, Philippe Bourdeau et Christophe Monnet pour l’organisation, Soriana IM et Loïc Mabily pour l’art et le son, et Dominique et Jacques, gardiens de la cabane durant notre séjour.
Si vous voulez parler d’un projet de collaboration dans ce domaine ou tout simplement discuter, envoie-moi un message.
Now for the English version 🇬🇧
The Swiss call it a cabane, the Germans a Hütte; I prefer the French word refuge as it’s much more than just a building. The word cabane was first recorded in 1387 to mean “a small, rudimentary dwelling” whereas the word refuge comes from the Latin refugere “to run away” or “to flee”. It yielded the expression “to take refuge” which was used both literally and figuratively by the 1690s. As early as the 12th century, the word refuge has a welcoming dimension: “that which serves as a foundation, support, a safe harbour”. It’s a common noun that has the curious properties of a verb: this building is providing something – action is within it. In these little shelters, found in the far-flung corners of the mountain, we seek refuge. First and foremost from the wind and the cold, but also from the stress, the noise and the non-stop-ness of our lives down below. Finally disconnected from the WiFi, we can take a bit of time to connect with the people and the nature that surrounds us.
From the 2nd to the 4th September, I went up – with thirty-ish other people – to spend 3 days at the Cabane de Saleinaz for an event called Refuge Remix. This hut, which sits between Val Ferret and the Trient Plateau, is particular in that it’s run by volunteers… It’s somewhat overshadowed by the other more popular neighbouring refuges: Cabane du Trient, Cabane d’Orny, Bivouac Envers des Dorées. Climate change has hit the Saleinaz the hardest and it without volunteers, it would no longer exist. Compared to its companions, the access is more difficult and many nearby routes have become dangerous or are no longer feasible. Unsurprisingly, the number of customers is going down: 900 stays per year compared to 9000+ at the Refuge du Goûter.
Refuge Remix – a collaboration between the University of Lausanne and the University Grenoble Alpes – was born in 2019 to reflect on these issues and find innovative solutions.
Refuge Remix is a creative and collaborative event designed to rethink the role of mountain refuges– and their future – as they are faced with environmental and societal challenges.
During these three days, five teams made up of people with different profiles work together to create concrete protoypes using lightweight and environmentally-friendly materials. I was sold.
The refuge is a unique place to experiment. It’s a watchtower from which you can both observe climate change (it’s especially rapid and visible in the mountains) and also experience its harsh and immediate impact first-hand. Permafrost threatens its foundations, glacial melt threatens its fresh water supply. The watchtower is in the firing line. It’s also a closed ecosystem – by which I mean it’s more or less autonomous and less hampered by rules and regulations. That makes it an interesting place to easily test alternative ways of living. By its very nature and location, the refuge raises questions about the environment of course, but also about societal norms: the notions of sharing, community, and teamwork are – amongst others – very present. I’m most intrigued by the link between the two: how can we adapt our ways of life to live in a way that is more sustainable – for us and for the environment?
These three days were just a start. Lots more work is required to make the changes even more concrete. But I wanted to share our project so it could travel a bit further and maybe inspire other ideas… WiFi can be pretty useful after all ;)
Welcome to C O S M O R A M A
Team
Sophie de Rosemont, Loïc Giaccone, Katrine Chassaing, Félix de Montety, Chiara Quadranti
Concept
Cosmorama is an experience and a place : the Cosmodrome.
Leaving the refuge, you’ll see a little star painted on a rock. You’ll follow it and see another… Walking further you’ll spot some land art – it’s the Big Dipper. After a hundred metres, the Path of the Stars will lead you to the infamous Cosmodrome: a small dry stone amphitheatre in the middle of which sits a round table – in dry stone too of course. There is a bit of a Stonehenge vibe.
[We had fun building all this. There is nothing more satisfying than lifting heavy stones and finding the perfect way to put them together. The flat stones that make up the table’s summit plateau fit so beautifully together as if they were destined to coexist. It emits energy.]
Let’s get back to (cosmic) business.
On the table, you’ll find a sky chart. If you align today’s date with the North it’ll show you the constellations that you can see in the sky. But why limit yourself the real world? The Cosmodrome is also a place for the imagination to roam free; there are constellations to invent and stories to tell. Coming back into the warmth of the refuge, you can open the Guest Book of the Cosmic Night and share your stories, experiences and dreams.
Aims
Create a moment of connection and community through rediscovering the Night and the Sky
Use the Night to appreciate the sky and the stars but also to reconnect with the elements, sounds, and sensations…
Enjoy a moment without your phone or any artificial light, but also take stock of the light pollution around
Shift the focus from summits/ personal goals/ performance/ the mountain you’re going to climb tomorrow and recentre it on the beauty and immensity of Space
Get to know a few constellations whilst also making space for imagination and creativity, often sidelined in our daily lives down below
The Cosmodrome, the sky chart and all the other creations will remain accessible at the Cabane de Saleinaz.
A big thank you to Célia Bonnet-Ligeon, Jean Miczka, Philippe Bourdeau et Christophe Monnet for organising, Soriana Im and Loïc Mabily for the art and sound, and Dominique & Jacques, for keeping the hut during our stay.